mardi 10 février 2015

1930/début des années 50 - L’enfance de Robert





 L'enfance nue de Maurice Pialat 1968

Récit de maman

Ça a été un gamin sûrement très vivant, mais très blessé par le père. Il a renié son père, toute sa jeunesse, il s’est fait appelé Prémayon. Mon père voyageait beaucoup, en fait, il a épousé sa mère parce qu’elle était enceinte alors qu’elle était institutrice. Robert est né en 1930.

Quand le gamin a eu 18 mois, sa mère a fait sa malle en vidant l’appartement. Mon père a eu le divorce à ses torts, elle avait des relations et il n’a pas dû se présenter au tribunal. Il lui a été accordé un droit de visite d’une fois par mois à la mairie d’Alixan. Il y est allé une fois, le gosse n’y était pas, il n’y est plus retourné. Mon père n’avait pas la fibre paternelle très développée. Il n’avait pas été élevé dans la tendresse, on ne peut donner quand on n’a pas reçu.

Dix ans après, ça lui a pris, il s’est pointé à Alixan et il a dit : “Je voudrais bien voir mon gamin tout de même”. Tout le village a été au courant, Robert arrivait en vélo. Quand on lui a dit qu’il y avait son père qui le cherchait, il a répondu qu’il ne voulait pas le voir et il s’est tiré dans la campagne.

Mon père a payé très irrégulièrement la pension alimentaire. Par la suite c’est ma mère qui s’en est chargé pour pas qu’il ait des ennuis.

Sa grand-mère maternelle était une paysanne qui le laissait très libre mais qui n’était pas très maternante. Et quand il allait chez sa mère, elle était très occupée par ses amours.

Sa mère était une ambitieuse qui a divorcé trois fois, mon père compris. Il nous a raconté pendant la guerre quand il regardait par le trou de la serrure sa mère s’empiffrer avec ses amants alors qu’on l’avait envoyé se coucher avec une pomme de terre ronde dans le ventre. Il s’est posé en enfant martyr. Il y avait du vrai, mais probablement aussi de l’exagération…


Le bassin de natation de l'école Sainte Marie des Maristes de Bourg de Péage
 
Collège des Maristes à Bourg de Péage


Pendant la guerre, c’était le roi du marché noir (il avait entre 10 et 15 ans), il était bien le fils de son père. Lui se faisait des sous avec les truites. Il collait les truites sous le derrière de son petit cousin dans sa poussette qu’il promenait. Il avait même réussi à en vendre à la messe aux Maristes. Il y est resté 10 ans aux Maristes et il disait qu’il avait été à la messe pour toute sa vie, parce qu’il allait à la messe tous les matins.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire