L'enfance nue de Maurice Pialat 1968
Récit de maman
Ça a été un gamin sûrement très vivant, mais très blessé par le père. Il a renié son père, toute sa jeunesse, il s’est fait appelé Prémayon. Mon père voyageait beaucoup, en fait, il a épousé sa mère parce qu’elle était enceinte alors qu’elle était institutrice. Robert est né en 1930.
Quand
le gamin a eu 18 mois, sa mère a fait sa malle en vidant
l’appartement. Mon père a eu le divorce
à ses torts,
elle avait des relations et il n’a pas dû se présenter au
tribunal. Il lui a été accordé un droit de visite d’une fois par
mois à la mairie d’Alixan.
Il y est allé une fois, le gosse n’y était pas, il n’y est plus
retourné. Mon père n’avait pas la fibre paternelle très
développée. Il n’avait pas été élevé dans la tendresse, on
ne peut donner quand on n’a pas reçu.
Dix
ans après, ça lui a pris, il s’est pointé à Alixan et il a dit
: “Je voudrais bien voir mon gamin tout de même”. Tout
le village a été au courant, Robert arrivait en vélo. Quand on lui
a dit qu’il y avait son père qui le cherchait, il a répondu qu’il
ne voulait pas le voir et il s’est tiré dans la campagne.
Mon
père a payé très irrégulièrement la pension
alimentaire.
Par la suite c’est ma mère qui s’en est chargé pour pas qu’il
ait des ennuis.
Sa
grand-mère
maternelle
était une paysanne qui le laissait très libre mais qui n’était
pas très maternante. Et quand il allait chez sa
mère,
elle était très occupée par ses amours.
Sa
mère était une ambitieuse qui a divorcé trois fois, mon père
compris. Il nous a raconté pendant la guerre quand il regardait par
le trou de la serrure sa mère s’empiffrer avec ses
amants
alors qu’on l’avait envoyé se coucher avec une pomme de terre
ronde dans le ventre. Il s’est posé en enfant martyr. Il y avait
du vrai, mais probablement aussi de l’exagération…
Le bassin de natation de l'école Sainte Marie des Maristes de Bourg de Péage |
Collège des Maristes à Bourg de Péage |
Pendant la guerre, c’était le roi du marché noir (il avait entre 10 et 15 ans), il était bien le fils de son père. Lui se faisait des sous avec les truites. Il collait les truites sous le derrière de son petit cousin dans sa poussette qu’il promenait. Il avait même réussi à en vendre à la messe aux Maristes. Il y est resté 10 ans aux Maristes et il disait qu’il avait été à la messe pour toute sa vie, parce qu’il allait à la messe tous les matins.
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