mardi 10 février 2015

1917/1918 – Après Georges, Victor, 18 ans puis sa sœur Suzanne, 14 ans, disparaissent emportés par la tuberculose

Marie-Pascaline Grassot
Georgette Grassot 1ere communion 1923



Maman raconte :

Ma mère s’appelait Georgette en souvenir de Georges, ce premier enfant mort en Algérie. Ma grand mère a eu ensuite un fils Victor. C’était un beau garçon qui avait été un excellent élève, brillant : il tenait ça de son père. Il est aussi entré au Crédit Lyonnais. Il est mort jeune, à 18 ans.

Une fois par semaine, il allait ouvrir la succursale de Crest. Entre midi et deux, il allait à la tour de Crest, c’était la grande ballade. Un jeune employé un peu boiteux l’accompagnait, Victor qui était un grand gars costaud le portait sur son dos. Un jour, revenant en sueur de cette ballade pour la petite agence qui était une glacière, il y a chopé la crève ; c’était à la fin de la guerre de 14 et les civils de l’arrière avait été un peu privés. Il n’a pas résisté et a chopé la tuberculose. Il est mort en un an de la phtisie galopante.


Georgette et Suzanne Grassot

Victor et Suzanne Grassot
Victor Grassot


Un an après, est-ce qu’il a contaminé sa jeune sœur Suzanne ? Elle s’est faite casser la hanche en jouant avec d’autres gamins avec la remorque d’un camion militaire qui stationnait devant la maison. Il s’y est mis la tuberculose et elle est morte un ans plus tard que son frère, elle avait 14 ans.

Ma grand mère en deux ans a perdu un fils de 18 ans et une fille de 14 ans. Il est resté ma mère qui avait 6 ans. Ça a dû beaucoup marqué l’enfance de ma mère parce que pendant la maladie de Suzanne ma mère a été envoyée un an à St Nazaire le Désert chez sa tante Clémence. On l’avait envoyé là bas pour prévenir la contagion.

Elle a néanmoins été très heureuse là bas : elle était la petite fille de la ville. A son retour ma mère a sûrement retrouvé une mère très douloureuse. Elle se rappelait que sa grand mère l’amenait au cimetière à Guilherand où elle allait faire sa couture sur la tombe de ses enfants pendant quelques années. Elle a dû devenir extrêmement possessive avec ma mère qui a un très mauvais souvenir de ses relations avec sa mère. Mon père disait que c’était tout juste si elle ne serait pas parti en voyage de noces avec nous. Par contre avec moi elle était bien.


Mamie se souvient :

Mon frère avait été premier du canton au certificat d’étude. Un jour, il rentre, il crachait le sang. On est tombé sur un docteur qui l’a mis à la diète, le docteur Rigal – maman lui en a voulu –. Quand on l’a amené à un autre médecin, le docteur Lavoiepierre, celui-ci a dit : “ Mais ce petit, on est en train de le tuer ”, toutefois c’était trop tard.
Il était beau sur son lit de mort : une belle figure ovale mais on avait dû lui mettre un bandeau pour lui tenir la mâchoire.



Mahler "Kindertotenlieder" (L. Bernstein, J. Baker)

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