L'indépendance de l'Algérie - Marc Riboud |
Maman : Ma grand mère avait une sœur, Joséphine ?, avec qui elle avait dû être plus liée, qui avait des enfants qui venaient en France chaque année, ces cousins c’était les Camilleri. J’étais petite fille et ma grand-mère était déjà âgée.
Deux
frères : Henri
qui était coiffeur à El Biar, qui avait deux filles Henriette et
Jacqueline et puis le grand Antoine
qui était employé aux Chemins de fer à Babel Oued, marié avec
Victorine
qui était aussi large que haute ; ils avaient une très jolie
fille qui s’appelait Josiane
et que j’admirais quand j’étais gamine, elle représentait pour
moi la beauté incarnée, et un frère qui s’appelait Claude.
Celui
d’El Biar passait seulement, car très vite, il avait acheté une
maison en Haute Savoie.
Victorine
et Antoine n’étaient pas riches et passaient huit jours à
Valence. Moi qui souffrait de mon état de fille unique, j’étais
ravie.
Les
cousins d’Algérie venaient en vacances, ils apportaient de la
soubressade,
de la saucisse espagnole.
Rapatriés d'Algérie |
En 1962, l’été de la naissance de Jean Philippe, c’était le grand exode. Ils ont rappliqué chez nous, avec le premier enfant de Josiane, un nouveau-né car elle s’était mariée entre temps.
Le
gamin hurlait jour et nuit, complètement traumatisé. C’était
vraiment la panique, le drame, la haine : “ Ces salauds
d’arabes…” A l’exception de son frère Claude qui
était mécanicien et qui avait eu l’honnêteté de me dire :
“Oui on a dû quitter l’Algérie mais on a peut-être tout
fait pour cela. ” J’ai compris alors que lui n’avait pas
dû être du côté de l’OAS.
Ma mère avait été en Algérie pour ses 18 ans en 1930.
Elle a passé un mois reçue par tous les oncles, tantes et cousines.
Un de ses oncles, celui d’El Bihar était régisseur dans une grand
propriété au sud d’Alger. Elle est allée ainsi de fête en fête,
de plage en plage, et était revenue absolument émerveillée par la
vie des pieds noirs
là-bas.
Moi
ce qui me frappait, c’était que, bien que n’étant pas
spécialement riches, mes cousines avaient toutes des “ fatmas ”
pour faire le ménage, qu’elles avaient des bracelets d’argent,
des boucles d’oreilles… Quand elles venaient en France, leur
niveau de vie était plus élevé que le nôtre.
Ça
a été le grand souvenir de sa vie de ma mère. Je devais à mon
tour y aller quand j’aurais 18 ans. Trop tard !
Michèle Peyremorte 1957 |
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