mardi 10 février 2015

“ Sur la route ” : les nombreuses vies de Robert

Jacques Jouve, Robert Peyremorte et Anne-Marie Pratsch-Peyremorte sur le lac du Bourget en juillet 1960


Récit de maman

Robert s’est marié avec Anne-Marie Pratsch qui deviendra la marraine de Jean Philippe. On n’a pas eu de ses nouvelles pendant des années. Il a été vendeur notamment pour les camions Unic. Puis, ils ont pris un café à Grésy sur Aix prés d’Aix les Bains.

Quand on est parti en voyage de noces en Suisse, on a fini chez eux. On y est resté deux ou trois jours. Là encore, il avait un cabriolet. Je me rappelle d’un jour mémorable où on avait remonté toute la vallée de la Maurienne dans sa décapotable, parce qu’il y avait des affaires (il faisait encore des noyers pour son compte).


Jacques Jouve sur sa Vespa 1958 Le Travers Joannas


Nous, on était les deux petits minables en vespa ; il devait être un peu comme mon père, il devait trouver que j’avais fait un drôle de mariage.

On est allé dans un restaurant tous les quatre et on avait trouvé qu’on avait très mal mangé. Aussi quand le plateau de fromage est arrivé, Robert l’a bloqué et a dit à Jacques : “Bon moi j’ai faim, t’as pas faim toi Jacques ? ”. Ils l’ont torché. On avait également fait une ballade en barque sur le lac du Bourget, au moment où passait le tour de France. 



 

Là-dessus, Robert s’est mis en tête de monter son affaire de civet de lapin en conserve. En tant que chasseur, il était le roi de cette recette.

Avec sa femme, ils se sont mis à éplucher des oignons, à couper les lapins en morceaux et vas y qu’il faisait du civet délicieux !

Il n’y avait pas sur le marché de civet de lapin en boite, ça s’est vendu comme des petits pains ! Du coup, il s’est mis à prendre des représentants, mais il n’a pas pu suivre en fabrication, il s’est endetté,…

Bref, un beau jour, il a fermé la boutique, il a récupéré tous ses lapins dans un camion et ils sont partis à la cloche de bois s’installer à Pataud, dans une baraque pourrie sur des terrains qu’avait acheté mon père. Il a fui littéralement ses créanciers.

Ils y étaient quand Jean Philippe est né, en 1962.


Jean-Philippe Jouve 1962


A mon avis, il a été le premier hippie de St Péray. Il a fait des tunnels pour ses lapins ; il s’est mis à faire des fromages de chèvres, Anne-Marie s’y est mise stoïquement. Il avait une barbe jusqu’ici, On a fini par bouffer tous ses lapins parce qu’il ne savait pas qu’en faire et qu’il fallait bien manger même s’il vendait ses tommes de chèvre au marché de St Péray.

Papi voyait ça comment ? Perplexe.



Santana - Soul Sacrifice 1969 "Woodstock" Live


Et puis un jour il en a eu marre, il a coupé sa barbe, remis une cravate et un veston et reparti comme représentant pour Unic en Suisse. C’est là qu’il a rencontré Irène, qui était serveuse dans un bistrot et planté Anne-Marie qui avait bien vécu la période hippie avec lui et qui, amoureuse, avait fait n’importe quoi pour lui.

Il s’est remarié avec elle, ils ont eu Nicole puis Sylvia. Il était très amoureux, il avait une femme, des enfants, un grosse DS, du fric.

Brusquement les choses se sont gâtées. Sa femme a fichu le camp avec ses deux gamines en Suisse et lui, à ce moment là, il s’est détérioré. 


DS modèle S7

 

Robert a récupéré les enfants et s’est installé avec une femme qui en avait elle-même deux (je me rappelle d’une carte où il disait, je me retrouve père de quatre enfants). Ça a duré un an. Les filles ont un souvenir épouvantable de cette période. Il est tombé malade et Irène est venu chercher ses filles. Il a failli claquer, avec une espèce de cirrhose du foie, il buvait beaucoup.

Il a rappliqué à Romans à la mort de sa mère. Ça l’a achevé parce qu’il n’a plus travaillé. Sa mère l’avait déshérité autant qu’elle avait pu. Elle a donné sa villa à son neveu qui était très gentil avec elle. Robert a eu un studio à Cannes, deux appartements au “ Bretagne ”, une maison à Château Fleury et le contenu de la maison, un peu d’argent. C’est là qu’il a acheté une baraque à Alixan et qu’il a commencé sa descente aux enfers.



Boris Vian Je bois 1955

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