Jacques Jouve, Robert Peyremorte et Anne-Marie Pratsch-Peyremorte sur le lac du Bourget en juillet 1960 |
Récit de maman
Robert s’est marié avec Anne-Marie Pratsch qui deviendra la marraine de Jean Philippe. On n’a pas eu de ses nouvelles pendant des années. Il a été vendeur notamment pour les camions Unic. Puis, ils ont pris un café à Grésy sur Aix prés d’Aix les Bains.
Quand
on est parti en voyage de noces en Suisse, on a fini chez eux. On y
est resté deux ou trois jours. Là encore, il avait un cabriolet. Je
me rappelle d’un jour mémorable où on avait remonté toute la vallée de la Maurienne dans sa décapotable, parce qu’il y avait des
affaires (il faisait encore des noyers pour son compte).
Jacques Jouve sur sa Vespa 1958 Le Travers Joannas |
Nous, on était les deux petits minables en vespa ; il devait être un peu comme mon père, il devait trouver que j’avais fait un drôle de mariage.
On
est allé dans un restaurant tous les quatre et on avait trouvé
qu’on avait très mal mangé. Aussi quand le plateau de fromage est
arrivé, Robert l’a bloqué et a dit à Jacques : “Bon
moi j’ai faim, t’as pas faim toi Jacques ? ”. Ils
l’ont torché. On avait également fait une ballade en barque sur
le lac
du Bourget,
au moment où passait le tour de France.
Là-dessus,
Robert s’est mis en tête de monter son affaire de civet de lapin
en conserve. En tant que chasseur, il était le roi de cette recette.
Avec
sa femme, ils se sont mis à éplucher des oignons, à couper les
lapins en morceaux et vas y qu’il faisait du civet délicieux !
Il
n’y avait pas sur le marché de civet
de lapin en boite,
ça s’est vendu comme des petits pains ! Du coup, il s’est
mis à prendre des représentants, mais il n’a pas pu suivre en
fabrication, il s’est endetté,…
Bref,
un beau jour, il a fermé la boutique, il a récupéré tous ses
lapins dans un camion et ils sont partis à la cloche de bois
s’installer à Pataud,
dans une baraque pourrie sur des terrains qu’avait acheté mon
père. Il a fui littéralement
ses créanciers.
Ils
y étaient quand Jean Philippe est né, en 1962.
Jean-Philippe Jouve 1962 |
A mon avis, il a été le premier hippie de St Péray. Il a fait des tunnels pour ses lapins ; il s’est mis à faire des fromages de chèvres, Anne-Marie s’y est mise stoïquement. Il avait une barbe jusqu’ici, On a fini par bouffer tous ses lapins parce qu’il ne savait pas qu’en faire et qu’il fallait bien manger même s’il vendait ses tommes de chèvre au marché de St Péray.
Papi
voyait ça comment ? Perplexe.
Santana - Soul Sacrifice 1969 "Woodstock" Live
Et puis un jour il en a eu marre, il a coupé sa barbe, remis une cravate et un veston et reparti comme représentant pour Unic en Suisse. C’est là qu’il a rencontré Irène, qui était serveuse dans un bistrot et planté Anne-Marie qui avait bien vécu la période hippie avec lui et qui, amoureuse, avait fait n’importe quoi pour lui.
Il
s’est remarié avec elle, ils ont eu Nicole
puis Sylvia.
Il était très amoureux, il avait une femme, des enfants, un grosse
DS, du fric.
Brusquement
les choses se sont gâtées. Sa
femme a fichu le camp avec ses deux gamines en
Suisse
et lui, à ce moment là, il s’est détérioré.
DS modèle S7 |
Robert a récupéré les enfants et s’est installé avec une femme
qui en avait elle-même deux (je me rappelle d’une carte où il
disait, je me retrouve père de quatre enfants). Ça a duré un an.
Les filles ont un souvenir épouvantable de cette période. Il est
tombé malade et Irène est venu chercher ses filles. Il a failli
claquer, avec une espèce de cirrhose du foie, il buvait beaucoup.
Il
a rappliqué à Romans à la
mort de sa mère.
Ça l’a achevé parce qu’il n’a plus travaillé. Sa mère
l’avait déshérité autant qu’elle avait pu. Elle a donné sa
villa à son neveu qui était très gentil avec elle. Robert a eu un
studio à Cannes, deux appartements au “ Bretagne ”,
une maison à Château Fleury
et le contenu de la maison, un peu d’argent. C’est là qu’il a
acheté une baraque à Alixan
et qu’il a commencé sa descente aux enfers.
Boris Vian Je bois 1955
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