Pauline Carton et André Berley "Sous les palétuviers" (1936) extrait
Où Mamie des Granges raconte comment Georgette Grassot a connu son mari Henri Peyremorte pour devenir Georgette Peyremorte.
Depuis 1935, je travaillais au Crédit Lyonnais. Maman m’avait faite embaucher au terme d’une démarche auprès du directeur, en faisant valoir le mort de mon papa et ma formation de sténo-dactylo.
Peu de temps après, le directeur m’a dit : “Mlle Grassot, vu les événements actuels, vous avez droit à un jour de congé par mois, vous êtes là depuis 6 mois, vous avez donc droit à 6 jours. ”
Maman a décidé que nous irions les passer à St Nazaire le Désert, à l’hôtel Aubert tenu par les petits cousins du côté de ma grand mère.
Il y passait beaucoup de monde. Un jour il arrive une superbe voiture bleu marine, toute neuve, magnifique. “Ouh voilà M. Peyremorte, oh la la, c’est un bon client celui là, quand il vient, vous allez faire sa connaissance, il est charmant vous verrez ! ”. Il achetait des noyers et se trouvait accompagné d’un autre acheteur de Bordeaux, M. Teiller.
Le soir, on s’est mis autour d’une table avec les quelques autres pensionnaires. C’était un joyeux luron, il s’est mis à nous faire les lignes de la main. On a bavardé comme ça.
Le lendemain je l’ai revu et il m’a proposé de l’accompagner avec son collègue : “ Votre Maman ne vous laisserait pas venir avec nous pour faire une tournée ?” Maman a accepté à la condition de nous accompagner (ça paraissait tout à fait normal à l’époque).
Georgette Grassot et Henri Peyremorte à la plage 1937 |
Mère et fille purent à cette occasion tout apprendre du bois de noyer qu’il soit sur pied ou abattu, Henri Peyremorte leur fit la démonstration de ses talents de connaisseur et d’acheteur. Cette tournée dans le sud de la Drôme ayant duré deux ou trois jours, l’équipée aboutissait le soir dans de “ chics hôtels ”. Bref, comme le dit mamie :
On a acheté du bois et M. Peyremorte ne m’a pas lâché. C’était réciproque : j’en pinçais pour lui. Il était charmeur, beaucoup de bagou, il était bien, physiquement. Il était très bien, grand, bien charpenté, de beaux cheveux tout frisés. Il faisait ses tournées, et cet automne là, quand je voyais à la sortie du Crédit Lyonnais, deux phares qui s’allumaient, je savais que c’était lui qui venait me chercher. Il était divorcé. Son ex-femme, la Paule Prémayon, avait foutu le camp pendant ses absences. Elle était sage-femme, intelligente, très jolie. Tous les docteurs de Romans la connaissaient bien, si bien qu’elle s’est faite construire une clinique aux Méannes, la clinique “ Baby-babette ”. Elle avait mon âge exactement. Le papa avait eu avec elle un fils, Robert dont il ne s’occupait pas du tout. Elle ne s’en occupait guère mieux : il vivait chez sa grand-mère à la campagne. Comme M. Peyremorte oubliait régulièrement de payer sa pension alimentaire, j’ai un jour reçu une lettre d’elle qui disait que “M. Peyremorte ferait mieux de payer sa pension alimentaire au lieu de penser à se marier ”. Moi je m’en foutais, elle pouvait bien dire ce qu’elle voulait j’en pinçais pour lui.
Quatre mois plus tard, en janvier 1937, on se mariait dans son village à La Laupie, pas loin de Montélimar, chez Duvoisin. Après la soirée on est parti “ Au relais de l’Empereur ” à Montélimar. C’est là que j’ai perdu ma virginité.
Georgette et Henri Peyremorte voyage de noces en Corse janvier 1937 |
Pour notre voyage de noces, il m’a dit on va aller en Corse. Lui avait l’habitude de voyager, il avait presque fait le tour du monde pour les bois exotiques : il avait été à Buenos Aires, à …
Au mois de janvier, la traversée pour la Corse, la merde ! On n’a pas pu embarquer la voiture, la mer était trop mauvaise, il faisait un temps de chien. J’étais déjà un peu dégoûtée par la Corse. Pour les mêmes raisons, “ Le Bonaparte ” n’a pas pu rentrer dans le port, on a dû débarquer en petite barque. Quelle aventure ! Heureusement après ça s’est bien passé : Nous avons loué une Peugeot avec laquelle on a fait une partie du Maquis. Quand on arrivait dans un village, tous les gamins accouraient.
Je me souviens de St Florent, un joli petit port de pêche. On descendait dans de jolis hôtels.
Les corses ? Charmants ! On est resté une dizaine de jours…
Adios Nonino Astor Piazzola
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire