Chocolaterie d'Aiguebelle à Donzère (26) |
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Henri Peyremorte militaire (1923-1924) |
Le récit de maman
Mon père Henri Peyremorte est né le 1er janvier 1901 à La Laupie, dans la ferme paternelle, à côté de Marsanne. Ses parents étaient Marius-Michel Peyremorte héritier de la propriété, et Marie-Lumina Beaume, originaire de Uchaux près d’Orange dans le Vaucluse. Marie-Lumina et Marius se sont connus en tant qu’ouvrier et ouvrière à la chocolaterie d’Aiguebelle, ce qui laisse penser qu’ils étaient relativement pauvres pour avoir été envoyés travailler dans ces conditions par leur famille.
Michèle et Henri Peyremorte à Sainte Maxime 1949 |
Mariés, ils revinrent sur la propriété de la Laupie, 6 hectares de vignes, d’amandiers et d’aulx. Ils eurent deux enfants, Henri et Jeanne. Jeanne est née avec un pied bot, ce qui faisait d’elle une boiteuse avec une grosse chaussure.
En raison de cette infirmité, Marie Lumina maria sa fille dès qu’elle le put avec un homme beaucoup plus âgé qu’elle, M. Genest, agriculteur près de Montélimar. Cela ne lui porta pas chance : après avoir eu deux enfants, André et Yvette, elle mourut de la tuberculose alors qu’ils étaient en bas âge. Genest se remaria rapidement avec une « marâtre » qui les fit souffrir toute leur enfance de son intempérance (elle buvait). Je ne l’ai vue qu’une fois et je me souviens d’elle comme d’une horrible sorcière.
La Laupie - Drôme |
Quant à mon père Henri, il grandit dans la ferme avec une mère assez dure mais un père dont il parlait toujours avec émotion. Marie Lumina était vraisemblablement accaparée par les difficultés matérielles pour vivre sur une très petite propriété. Elle avait un esprit revendicatif et a parlé pendant des années de la voisine qui lui avait volé sa poule noire.
Mon père a souvent dit que dans son enfance il dormait dans le local où l’on remisait le foin. Il rappelait aussi qu’il n’était allé à l’école que jusqu’à onze ans et encore dans les périodes où il n’y avait pas de travail à la ferme.
Il était aussi de l’époque où une orange à Noël était un fameux Noël.
Lorsque Henri devint un jeune homme, très beau garçon d’après ceux qui l’ont connu, sa mère nourrit l’espoir de lui faire épouser Marie Peysson sa voisine et copine d’école. La propriété des Peysson ajoutée à la propriété Peyremorte eut comblé Marie Lumina. Malheureusement, Marie Peysson si gentille soit elle était beaucoup trop poilue et ne faisait pas vibrer Henri…
Paris, rue de Belleville |
A 17 ans, trouvant la propriété trop petite et la terre trop basse, Henri partit pour Paris avec comme unique bagage sa connaissance des arbres et en particulier des noyers.
Il trouva du travail dans une usine de tranchage, les établissements Miguet dans le 12e arrondissement de Paris. Il y devint rapidement un des meilleurs acheteurs, ce qui lui valut de voyager, il a toujours été vague, il a parlé de bois exotiques, d’Amérique du sud ( ?). Il resta à Paris 17 ans en habitant Belleville.
Il parlait avec une certaine nostalgie de cet épisode parisien, il a dû y mener joyeuse vie, il était assez fier d’avoir été l’amant de la nièce de Mistinguett.
Il parlait d’un couple, les Brome que je vis une fois ou deux dans mon enfance et qui lui rappelait « la belle époque » en riant aux éclats de faits que ma mère ignorait et dont elle écoutait le récit avec un air perplexe.
Puis il regagna la province pour se marier une fois avec Paule Premayon.
Avec Paule Premayon, l’histoire ne dura pas très longtemps ; c’était une fort jolie femme, sortie d’une famille de paysans d’Alixan, à qui son Brevet Supérieur, diplôme très reconnu à l’époque, avait donné le droit d’être institutrice…Vocation assez brève puisque rapidement, elle devint sage-femme, je ne sais après quel parcours…. Sa formation n’était pas très au point quand elle connut Henri Peyremorte car elle fut rapidement enceinte : à l’époque, mariage rapide obligatoire…. Naissance de Robert en 1930. Henri voyageait beaucoup car il était redevenu acheteur de noyers dans la Drôme et l’Isère, très riches à cette époque là de superbes arbres.
Mais, lorsque leur fils Robert eut 18 mois, Paule fit la malle, Henri se retrouva dans un appartement vide et là s’arrêta leur histoire ; leur fils Robert fut confié aux grands-parents d’Alixan, son père essaya bien de le voir, au début, mais on devait le lui amener à la Mairie d’Alixan, ce qui ne fut jamais fait… la fibre paternelle ne le tenaillait pas beaucoup, 10 ans passèrent, il fit une autre tentative mais le gamin refusa de le voir et ce fut fini jusqu’en 1953, Robert avait 23 ans et il débarqua un jour dans la vie de mes parents et dans la mienne….mais c’est une autre histoire…(Il eut deux filles Nicole et Sylvia, mes nièces préférées et les seules d’ailleurs).
Michèle et Robert Peyremorte Granges les Valence |
En 1938 Henri Peyremorte épousa en seconde noce Georgette Grassot, union dont je suis issue. A cette époque et jusqu’à la deuxième guerre mondiale, il gagna probablement pas mal d’argent, mon enfance fut matériellement facile.
Après la guerre, dans les années cinquante, les affaires continuèrent avec plus ou moins de bonheur. Il continua à vendre au fils de son ancien patron, Philippe Miguet, puis à Monsieur Adler qui resta son client jusqu’à la fin de son activité.
Dans ses affaires avec Adler, je me souviens que lorsque mon père lui avait bien vendu ses noyers, achetés sur pied et transportés par ses soins sur un chantier grangeois, surtout lorsqu’il lui avait refilé quelques noyers « gélifs », il parlait de lui en disant « Monsieur Adler », par contre lorsque Adler avait été plus perspicace et donc moins généreux, mon père furieux parlait de lui en disant « ce sale youpin »… Un jour Monsieur Adler marié sur le tard annonça avec bonheur la naissance de son fils Alexandre, mes parents firent un cadeau. On peut supposer que le journaliste chroniqueur Alexandre Adler qu’on peut entendre chaque matin sur France Culture est le rejeton en question.
"Mon homme" dans la comédie musicale "Mistinguett, la reine des années folles"
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