La surprise de l’amour

La clé de la résurrection de la chair

 

Il est venu aux granges deux nouveaux prêtres, le père Ollier et le père Ouillier. Ils nous ont fait une visite (à ce moment là les curés avaient le temps de faire des visites), sympa, tout ça… Michèle était alors à la Pierrote.

Le père Ollier, hum, je parlais bien avec lui. Il était jeune et je l’intéressais. De mon côté, j’étais également un peu attiré par lui. Finalement je lui ai lâché que je n’avais pas de rapports avec mon mari et que c’est pour cela que je ne communiais pas. Il m’a détrompé : “vous pouvez communier je vous apporterai la communion ”. Il venait souvent comme ça, alors forcément une certaine intimité s’est glissé entre nous.

Il avait dix ans de moins que moi, j’en avais 50 mais j’en paraissais 40, j’étais bien.

Et puis j’en suis devenue complètement toquée de lui. C’était le démon de midi. Il a eu un tas de péripéties que je ne peux pas raconter. 

Geraldine Hunt - Can't Fake the Feeling 1980

Quand j’allais le voir chez lui, au coin de la rue (Sadi Carnot), je tombais sur sa mère, la vrai vieille de cent ans avec son petit bonnet, son Léon ! J’y allais en promenant Bénédicte, je me rappelle.

Je ne sais pas comment Papi l’a su mais un jour il a fini par le savoir. Il s’est alors attrapé avec la mère. J’étais folle de fureur. Scandale.

Ce jour là je prends le car pour aller à Romans. J’arrive en larmes chez Michèle : “Le père Ollier, le père Ollier, je peux plus le voir… ” “ Quoi il est mort ? ” “ à cause de sa mère… ”.

Par la suite, lui et sa mère ont déménagé dans une villa de l’Évêché, toujours dans la rue Sadi Carnot. Il y a fait faire des travaux, il y avait des ouvriers, des peintres. J’obtenais des rendez-vous par leur intermédiaire.

Quelques fois, il est venu ici, mon mari était mort, c’était plus tranquille. Un jour je lui ai dit : “ Faut plus venir ! ” Mais entre temps, je lui en ai fait des misères, des vrais misères. Je l’ai embêté jusqu’à la garde. J’allais à la messe le matin, j’attendais la fin de la messe pour aller le voir à la sacristie. Lui : “Faut pas rester, j’ai ma mère qui m’attend pour le déjeuner ” “ oh ? elle vous attend, elle déjeunera bien sans vous ! ”

Les Feux de l'Amour, 1989, TF1

Il a quitté les Granges pour Beauchastel après 25 ans passés aux Granges. Est-ce que ça l’a tourné, trop travaillé ? Deux ans après il était mort. Ça l’a tué.

Pour moi, dans le fond, cette histoire a été très. ça m’a donné un joli entracte dans ma vie. Ce qui me séduisait c’était pas sa beauté, il n’était pas beau, il était quelconque, c’est sa personnalité ; on ne sait pas pourquoi, c’est formidable ça ! ? “ Est-ce que le fait qu’il ait été curé n’a pas joué dans la force de cette histoire ? ” “ Peut-être… un peu… 

Il était très curieux de la femme, il ignorait la femme.

 

Et Dieu créa la femme - Vadim 1956