mardi 10 février 2015

1953 Robert vient faire la connaissance de sa soeur



Luna rossa Tino Rossi (1952)

 
Maman :
Robert est arrivé sans crier gare, un jour de 1952 ou 1953. J’avais 12-13 ans. Il avait 23 ans. Je le revois comme si c’était hier. On a sonné en bas. Je revois un beau gars, un grand blond, un costume d’été noisette et une chemise rose pâle avec une 203 cabriolet qui était une super voiture, garée devant la maison.
Il est arrivé hâbleur et il s’est présenté en disant : "Je suis Robert Peyremorte et je viens faire la connaissance de ma sœur ".
Il a été accueilli très aimablement.
Moi je badais d’admiration, toute ma vie j’avais rêvé d’avoir un frère. Ma mère a un peu badé, elle aussi, peut-être pas pour les mêmes raisons que moi. 


Michèle et Robert Peyremorte Granges les Valence 1954



Côté boulot, à mon avis ça devait pas marcher si fort, et à mon avis, il ne venait pas que pour faire la connaissance de sa sœur, il venait aussi pour voir si du côté de son père il n’y avait pas du boulot.
Mon père s’est beaucoup retrouvé dans son fils, il lui a appris le noyer. Robert s’est mis à faire les tournées avec mon père. Je peux te dire qu’ils ont dû picoler leur saoul tous les deux. 
Robert me racontait beaucoup ses frasques. C’était un coureur, mais un coureur. Je pense qu’il en faisait autant qu’il disait.  Maintenant, je le comprends beaucoup par le dénuement affectif qu’a été le sien toute son enfance.
Le mauvais souvenir que j’ai, c’est qu’en me parlant de ses frasques, je ne sais pas si c’est vrai, il s’est mis à me parler de soit-disant frasques de mon père dans ses tournées. J’avais toujours entendu ma mère dire qu’il n’était pas bon à grand chose au lit depuis qu’il avait eu la pneumonie. Peut-être était-t-il fatigué quand il arrivait à la maison, c’était possible aussi ? En 1949, quand mon père a loué un appartement à St Raphaël et nous a envoyé toutes les deux 3mois là-bas, je veux bien croire que c’était pour qu’on se refasse une santé mais je pense que c’était aussi un peu pour se débarrasser de sa femme.


Mon père a ensuite monté une société avec Robert comme gérant, mon père n’avait pas dû faire que des bonnes affaires, il ne voulait toujours pas que son nom apparaisse. Ma mère lui a enlevé la gérance quand Robert a commencé à faire des dépenses somptuaires. Mon père était aussi assez doué pour envoyer ses ouvriers avec son camion à l’hôtel faire des exploitations et pas vérifier les notes de frais. Mais Robert, lui a vraiment fait valsé l’argent. Il faut dire que mon père devait  gagner beaucoup d’argent pour ne pas avoir coulé avec sa mauvaise gestion. Mon père a dû gagner énormément d’argent avec ses noyers, c’était l’âge d’or du noyer.


Robert Peyremorte chasseur alpin


Mamie :
Robert avait 23 ans, il était VRP pour une usine de chaussures. Il prenait la voiture de sa mère, c’était une 203. 

Avec sa mère il avait de très mauvais rapports. Deux cabochons ! Elle ne s’en était jamais occupé, il avait été élevé par sa grand-mère à Alixan. Il allait à la clinique essentiellement pour voir les filles.

Il nous a raconté toute sa vie à table. Mon mari lui a tout de suite dit : " tu ne va pas continuer à faire ce travail là, je vais t’apprendre mon métier ".

Ça a été vite fait, il était très bon acheteur mais alors un panier percé : resto, filles… Le carnet de chèque à tort et à travers… Et alors un jour, ça a claqué entre le père et le fils, ils se sont disputés.

Maman : 

Il nous a notamment raconté un épisode de son service militaire dans les chasseurs alpins. Il avait eu un accident de ski en Autriche. L’ambulance était venue le chercher a dérapé sur le verglas et s’est cassé la gueule au fond d’un ravin, avec lui et sa jambe cassée à l’intérieur. Il racontait aussi ses aventures avec les jolies " Fraulein " de l’hôpital. Mais il y avait surtout les punaises qui fourmillaient et se glissaient dans son plâtre. La grande occupation, c’était de passer une aiguille à tricoter dans le coton du plâtre pour tuer les punaises.





Touchez pas au grisbi de Jacques Becker (1954)

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