vendredi 13 mai 2016

Pas d’armistice pour les cocos


La République et l’Eglise. Images d’une querelle, Michel Dixmier, Jacqueline Laouette, Didier Pasamonik, Editions de La Martinière 2005



Papa toujours

J’ai fait ma primaire chez la vieille sœur au château, chez la sœur Sainte Hubert. Elle nous faisait la classe dans la pièce où on a célébré les mariages de Vincent et de Bénédicte. En hiver, on se chauffait au poêle à bois, c’est mon ami Marcel Roudil, qui a été tué en Algérie, qui était le plus souvent chargé de l’allumer. Il n’était pas rare que la sœur nous abandonne pour aller faire sa cuisine.

Un grillage séparait l’école des garçons de celle des filles. J’y ai eu le premier coup de foudre de ma vie : Annie Durand. Je lui glissais des mots. Elle travaillait bien à l’école et il lui arrivait de m’aider à faire mes devoirs.

C’était la guerre avec l’école publique. La sœur nous interdisait de parler aux enfants qui y étaient. C’est le père Jouve de Moredon, avec qui mon père était d’ailleurs bien copain, qui était l’instituteur. Ceci dit, il y avait une division terrible dans le village, la guerre scolaire continuait, c’était les bons chrétiens contre les communistes. Tous les enfants Pinède y étaient mais aussi les Robert de Prades, des gens d’une pauvreté incroyable, les gamins marchaient pieds nus même dans les pelloux.

Le curé ne parlait pas aux Pinède, le premier à le faire fut le père Baconet dans les années soixante-dix – c’est lui qui a fait venir un chantier de jeunes pour faire tomber le clocher -. C’était la grande affaire, les Pinède le faisait picoler pour le ridiculiser. Le père Rancher y jurait toute la journée « nom de Dieu de nom de Dieu ». J’aimais bien y aller parce que là haut on ne parlait que de sexe, ils étaient chauds, quand on est gamin, ça vous intéresse d’autant que la Paulette était un peu allumeuse avec les jeunes.

dessin de presse anticommuniste 1920
 
dessin de presse antifasciste 1934

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