vendredi 13 mai 2016

Le retour de Gustave Jouve

Gustave Jouve (22 ans)et ses camarades de régiment 1932 au 1er plan à droite


Quand papi rentra après cinq ans de captivité, continue maman, son père, Adrien Jouve lui dit qu’il n’y avait plus de travail pour lui et qu’il lui fallait trouver autre chose.

Furieux, papi sépara la maison familiale en deux pour s’approprier la meilleure partie qui lui revenait en héritage de sa mère défunte. Le père et le fils se sont définitivement fâchés lorsque la belle-mère – « la Marthe »- a ouvert à son tour une épicerie juste à côté de celle qu’avait reprise mamie, alors même que Leynaud et Lajus au Travers en tenaient déjà une.


Jacques Jouve et sa tante Pierrette


Malgré cette fâcherie « à mort », Papa était en bons termes avec sa jeune tante Pierrette qui avait dix ans de plus que lui, laquelle lui a permis d’acquérir l’excellent niveau de lecture que nous lui connaissons en lui offrant régulièrement des livres de la bibliothèque verte dans des versions devenues inaccessible à la génération actuelle.

Papi réussit le concours pour devenir policier mais il ne put être recruté parce qu’il avait de l’albumine. C’est ainsi, qu’il devint finalement facteur. Il a commencé à Rocles comme auxiliaire. Une fois titularisé, il fut nommé sur Valgorge-Loubaresse.

Il aurait pu être facteur sur Joannas mais il refusa de le demander pour ne pas avoir à servir son père et sa belle-mère.

 
Loubaresse (07)



Facteur à l’époque, raconte Jacques Jouve, tu étais un peu au service des gens, tu les dépannais. Quand je faisais la tournée avec lui à Loubaresse (je devais avoir 10 ans), il fallait voir, il portait des colis aux gens et il en redescendait, on le faisait boire, on le faisait manger, ça n’avait rien à voir avec maintenant. De nos jours, on dirait qu’il était un peu le larbin des gens et il ne voulait surtout pas être le larbin de son père. 

Il partait très tôt en vélo jusqu’à Valgorge, puis faisait sa tournée à pieds jusqu’à Loubaresse. Et en hiver, il y avait des mètres de neige là haut, des hivers bien plus rigoureux que de nos jours. Une fois il s’était perdu dans la tourmente, heureusement il y avait à l’hôtel Coste de Valgorge, une chienne, qui s’était toquée de mon père, « Soumise », qu’elle s’appelait. Elle faisait la tournée avec lui et c’est elle qui, ce jour là, lui a permis de retrouver son chemin. D’après mon père, sans la chienne il aurait pu y rester.

Par la suite, il a été muté à Chazeaux : une tournée de 27 km à pieds. C’était un bon marcheur, il aurait été bon pour le trekking. Par la suite, il a eu l’autorisation d’en faire une partie à ses frais avec le vélo, puis de la faire avec sa moto, toujours à ses frais. Je me rappelle que mon père s’en plaignait « quand je pense qu’à EDF, il ne paye pas l’électricité et que je dois en plus payer les timbres de 15 centimes que j’utilise ». Avant la retraite qu’il a pu prendre à 55 ans grâce à ses années de prisonnier, enfin, il eu l’autorisation de faire sa tournée avec sa 2 CV. 


Les gendarmes de Saint Tropez de Jean Girault 1964

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