vendredi 13 mai 2016

Mamie et ses frères

Louis Gazel lisait La Croix de A à Z tous les jours - la une du 21 février 1929

Marie Jouve-Gazel


Maman se souvient que Mamie n’aimait pas bien Zoé, la femme de son petit frère Paul. Elle lui faisait reproche de ne pas s’occuper de ses frères Emile et Louis restés célibataires à la propriété. Zoé affirme qu’ils ont toujours refusé ses invitations : : « Pourquoi ils ne voulaient pas venir ? Parce que leur mère ne voulaient pas. Ils ont continué comme elle. »
En fait, Milet y serait probablement volontiers allé mais ce devait être Louis qui ne voulait pas et qui en empêchait son frère. En aîné, il le dominait.

Louis s’est toujours prévalu d’une santé fragile pour en fait s’économiser et ne pas faire grand chose - En fait de santé fragile, comme c’est souvent le cas, il est mort à 94 ans. Il a ainsi été réformé et a échappé aux guerres de 14 et de 39. Il s’occupait, en tout et pour tout, à faire la cuisine après la mort de sa mère dans les années cinquante et à lire. Son frère lui bossait pour les deux. Selon papa, c’était un peu l’intellectuel de la famille : Il lisait La Croix tous les jours de A à Z – c’est par lui que l’été, on pouvait la lire, il nous les gardait -, la Vie, le Chasseur français et le Pélerin. « Vraiment le vieux garçon, le croûton, si je peux dire » nous dira Yvonne.

Contrairement à Louis, Milet, avait un grand cœur. Il aidait papapour mes ruches. Mamie l’aimait beaucoup. D’ailleurs, Jean Philippe quand il était petit, bien que plutôt timide, lui sautait toujours au cou. Il est vrai que Milet ressemblait beaucoup à sa grand-mère.

Paul, le petit frère de mamie a eu trois enfants avec la Zoe qui venait de La Souche : Jean-Paul, Daniel et Hubert.

Daniel, fonctionnaire à la SNCF ou aux Postes est mort d’une rupture d’anévrisme à 47 ans. Hubert, également fonctionnaire, vit à Lyon. Il est à Champclos dés qu’il a du temps libre et vient de s’acheter une maison à St Etienne de Fontbellon.

Seul Jean-Paul s’est marié et a eu des enfants. Il était maçon de métier mais a eu le coude esquinté dans un accident. En rééducation, il a connu sa femme qui l’a ensuite plaqué en emportant les trois mômes et en demandant le divorce. Pour soulager sa peine, il a beaucoup bu, au point de perdre son permis et d’être suspendu dans son travail au Sana de Rocher pendant un an. Il vit aujourd’hui à Champ Clos avec sa mère. Il est employé à l’hôpital de Largentière et ses problèmes de santé lui ont fait cesser tout abus d’alcool.




Profils Paysans de Raymond Depardon 2001

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