vendredi 13 mai 2016

Enfin une vocation : professeur de culture physique



Jacques Jouve dernier rang à droite, chez les frères Maristes d'Aubenas en 1953 (14 ans)

Quand on m’a mis en pension aux Maristes à Aubenas, se rappelle papa, je ne savais rien, je n’avais été bon qu’en religion. D’ailleurs, je n’était pas le seul : de la classe de la Sainte Hubert, le fils Manin est le seul à avoir fait des études brillantes puisqu’il est devenu ingénieur, la fille Durand est seulement devenue infirmière.

Profession de foi de Jacques Jouve


Je m’y ennuyais énormément. Je devais être 34e sur 38. Je suis passé en 5e où je ne suivais pas. On m’a fait donc passé en CEP, en commercial. Là, j’avais enfin un professeur avec qui le courant passait : d’abord c’était pas un frère, il avait été marié, un dragueur, qui nous racontait toutes ses histoires, c’était super ! Je commençais un peu à apprendre. Un expert-comptable de métier. Ceci dit, ça n’a pas duré longtemps parce qu’avec des copains, on s’est fait coincer en train de faire le mur pour aller au cinéma et on s’est tous fait virer. Pour moi, c’était pas grave mais il y avait des gars qui étaient en terminale et qui n’ont pas pu passer le Bac. Il y avait le Leynaud d’Alès qui était en Première. Il s’en est tiré en épousant une jolie fille dont le père travaillait chez Péchiney et qui l’y a fait rentrer. Il y a gagné de l’argent mais il voulait être son propre patron et a ouvert un magasin de chaussures puis un magasin de gros.

Pensionnat de l'Immaculée Conception d'Aubenas


Jacques Jouve tour de Province août 1953 1er plan dans l'ombre


Jacques Jouve tour de Province août 1953


Lorsque j’ai été renvoyé des Maristes, j’avais 15 ans. Je suis resté à peu prés six mois à Joannas avant d’aller chez Pigier à Valence. Là je commençais à m’intéresser à mon avenir. C’est à cette époque que je me suis inscrit aux cours par correspondance de Marcel Rouet et que je me suis abonné à « Apollon-Vénus » et à « Science Culturiste ». Je m’étais pris de passion pour le culturisme alors que j’était encore à l’Immaculée. Je me souviens encore de la couverture couleur du « Santé et Forme » acheté à Privas.


Apollon Vénus nov. 1950

J’ai appris qu’une salle s’ouvrait « 10 place des Ormeaux » à Valence. La première chose que j’ai faite en arrivant à Valence a été de m’y rendre. C’était une épicerie, je me suis dit dans un premier temps « ils se sont plantés », je rentre tout de même, il y avait la queue et là j’ai entendu le bruit des barres lâchées sur le sol au premier. J’étais chez la mère de Velly, son mari vendait des olives sur les marchés. Velly s’entraînait à l’étage avec une dizaine de personnes, des mordus. Au bout de six mois, Velly a monté une petite salle rue du Lieutenant Bonaparte.


Jacques Jouve fait le kéké avec ses potes à la piscine de valence en 1956 (17 ans)

 

J’ai fait Pigier en cours du soir pour apprendre la compta, ça a marché mais sans plus : j’ai collé au CAP mais à l’époque on trouvait facilement du boulot : j’ai été embauché au Comptoir Valentinois de l’automobile pour faire des factures… J’étais un peu comme Manu, je ne tenais pas en place, au milieu du boulot, il fallait que j’aille respirer dehors. La patronne m’a dit peut-être au bout de 6 mois, « mon petit, ça va pas, je ne peux pas vous garder » je ne faisais pas assez du rendement. J’ai lu une annonce de Fruitcoop, j’ai de suite été pris. C’est là que j’ai connu maman qui était venue emballer des fruits, que j’ai devancé l’appel et que je suis parti à l’armée.

J’ai ensuite continué à suivre des cours par correspondance pour la culture physique et j’ai aussi été à Paris pour suivre des stages. C’est sûr que c’était moins difficile que pour Bénédicte, on pouvait alors apprendre par correspondance. Pour la première fois, faire des études m’intéressait. 


Jacques Jouve s'est mis au culturisme et pose
 

Il y avait que des diplômes privés, j’ai choisi celui délivré par la Fédération nationale des professions de culture physique, une fédération de syndicats régionaux. J’ai alors participé à des actions auprès des pouvoirs publics pour faire reconnaître par l’État notre profession : je suis notamment intervenu auprès du maire de Romans qui était aussi député, au sujet d’un texte en préparation concernant notre profession, j’ai ensuite été au ministère de la jeunesse et des sports quand a été voté la loi du 8/8/63, la première loi qui réglementait les professions sportives. Comme souvent, il y avait très peu de monde à l’Assemblée pour l’adopter. Quand on pense que la loi rendant obligatoire le BCG, ils étaient seulement cinq députés !

Ça ne nous a pas convenu au départ car on voulait dépendre de la Santé, on trouvait que c’était un métier de santé plus que de sport. Ceux qui exerçaient depuis deux ans ont été reconnus par équivalence, ils n’ont pas eu à passer le diplôme. Cela avait été la même chose en 1946 pour les kinésithérapeutes. Car dans notre profession, il y avait beaucoup de professeurs de culture physique qui étaient déjà masseur-kinésithérapeutes.
Quand je suis revenu de l’armée, j’ai monté la salle à Romans.

Jacques Jouve 17 ans (1956)

Jacques Jouve 18 ans devant la maison du Travers (1957)

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