vendredi 13 mai 2016

L’absence d’un père en captivité


Jacques Jouve

 
Lettre de Gustave Jouve prisonnier à sa femme (1942)


Maman raconte que son fils Jacques venait de naître lorsque papi fut fait prisonnier par les allemands. Il passa la guerre en captivité dans une ferme, près de Frankfurt sur Oder. Il retrouva son foyer en 1946 : son fils avait six ans.

Chaque jour à l’école de la sœur Sainte Hubert, on priait pour les prisonniers de guerre. Chaque jour, le petit Jacky priait pour que revienne ce père qu’il ne connaissait pas.

La guerre finie, Joannas était en fête chaque fois qu’un de ses hommes rentrait de captivité. Un jour, le retour du Gustave fut annoncé. 


Marie et le petit Jacques Jouve, Marthe et sa fille Pierrette Jouve


Papa se souvient comme si c’était hier, de ce jour où il put enfin voir son père : J’étais à « la Champ » (là où j’avais installé des ruches), quand on est venu m’apprendre que mon père arrivait. Je suis remonté en vitesse en vélo. Lajus nous a aussitôt descendu ma mère et moi en voiture – il y avait peu de voitures à l’époque. J’ai en tête une image : un grand car vide et un homme debout à l’intérieur, habillé en soldat : c’était mon père. Pourquoi debout ?… Il était maigre. 

Papa allait devoir céder à son père la place qu’il s’était faite dans le lit de sa mère.
Neuf mois plus tard, le petit Jacques fut envoyé pour sa plus grande joie une semaine à Montréal chez sa tante Juliette. Il appris par la suite qu’il aurait dû avoir une petite sœur, Bernadette, si celle-ci n’était pas morte trois jours après sa naissance. Elle avait été empoisonnée par son propre sang, de ce qu’on appelait alors « la maladie bleue » et dont on réchappe aujourd’hui grâce à des transfusions.


Jacques Jouve
 

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