Après les migrations, jetons un
œil du côté du bottin mondain de l'arbre généalogique.
C'est clairement une particularité
de la branche Jouve que d'avoir pour ascendants, peut-être pas le Gotha mais au
moins quelques représentants de la noblesse du Vivarais de l'ancien Régime.
En prodiguant ses conseils
matrimoniaux à Marie Gazel sa fille de ne jamais épouser un paysan, Valentine
Pouzache, la grand-mère maternelle de Jacques, soupçonnait-elle que, plus que
son expérience - probablement douloureuse - d'orpheline trop jeune mariée à un
paysan, c'était peut-être le snobisme de son sang bleu qui parlait.
Car Valentine Pouzache était liée
à plusieurs ascendants de noble famille. Non pas de ces bourgeois au nom duquel on accolait un "sieur
de", du nom de la terre dont ils tiraient une rente mais bien de la
noblesse blasonnée.
Quelques uns des blasons familiaux
Je fais dès maintenant une petite parenthèse sur cette propension qu'eurent les bourgeois de l'ancien Régime à choisir le nom de leur terres pour se donner un vernis de noblesse.
J'en ai beaucoup dans mon arbre
généalogique de ces sieurs de Launay, de Bourneuil, de Cougnat, de Bourgougne
etc qui ne sont pourtant que des roturiers, pour un seul supposé noble dénommé François
de la Morlière dont un collatéral a été condamné à avoir la tête tranchée ce
qui est un indice de noblesse. Les gueux, on les pendait, c'était moins
élégant et c'est probablement pourquoi c'était comme ça.
Alors à part le snobisme pourquoi
se prévalaient-ils d'un tel vernis? Et bien cela a à voir avec le paiement de
la taille, impôt direct de l'ancien Régime dont les nobles étaient exemptés.
L'exemption s'opérait selon deux modalités qui dépendaient du type d'administration de la province. Dans les provinces administrées directement par l'administration royale comme le Poitou[1], la taille était personnelle son montant étant défini en fonction de l'ensemble des revenus de chaque contribuable (sauf les nobles, le clergé et certaines villes) par des collecteurs locaux. Se revendiquer d'une certaine noblesse permettait donc d'échapper à la taille ce qui généra notamment des recensements de la noblesse assorti de punitions et d'amendes pour ceux qui s'en revendiquaient sans titre valable.
En revanche les états du Languedoc[2] dont dépendait le Vivarais avaient, avec quelques autres provinces (Bretagne, Provence et Bourgogne), gardé le privilège de prélever elles-mêmes l'impôt. Le prélèvement s'effectuait uniquement sur la terre possédée (taille dite "réelle") et affecté d'un coefficient en rapport avec la productivité du sol (en Languedoc après 1691). Pour établir les terres taillables et leur propriétaires, les communautés établissaient et révisaient périodiquement une sorte de cadastre dénommé "compoix". Là encore toutefois, les terres nobles étaient exonérées d'impôt.
C'est peut-être ce qui motiva
Louis Pouzache, ancêtre en ligne directe de Valentine de se faire appeler
"sieur du Landas", à l'occasion de son mariage avec Marianne
Françoise Clément Dupont en 1708 à Saint Martial.
[1] aussi dénommés pays
d'élection, l'élection étant une circonscription financière soumise à la
juridiction des officiers royaux (les élus). C'était une subdivision de la généralité.
[2] Les pays d'état étaient
dans l'ancien Régime des provinces du royaume ayant conservé leurs états
provinciaux c'est à dire une représentation des trois ordres et dont le rôle
essentiel était de négocier le montant de l'impôt avec le pouvoir royal et de
le répartir. Les états du Vivarais étaient inclus dans les états du Languedoc
Les trois ordres de l'ancien régime
D'abord, comment devient-on
noble?
Au Moyen Age, le pouvoir
d’anoblir relevait des grands seigneurs qui pouvaient armer des chevaliers. La
personne noble était alors celle qui portait le titre de chevalier ou d'écuyer.
Ces chevaliers étaient au service de ces grandes familles aristocratiques
titulaires de grands domaines fonciers dont ils obtenaient en contrepartie des
terres nobles. Inscrite dans le système féodal, la relation personnelle entre
le chevalier et son suzerain impliquait notamment de répondre à l'appel pour
aller faire la guerre. Le suzerain était comme un chef de bande, le "big
boss" étant le roi qui était placé tout en haut de cette chaîne de liens
partant du plus humble des chevaliers en passant par le baron local puis le
comte pour arriver aux grands du royaume.
Durant tout le Moyen Âge et le
début de l’époque moderne, l'un des modes essentiels d’entrée dans la noblesse
est celui de l’agrégation qui consistait à vivre noblement pendant plus de
trois générations, c'est à dire à partager les activités (participer à la
guerre, ne pas effectuer d'activités manuelles etc) et les valeurs de la
noblesse. C'est la noblesse d'extraction qui est prestigieuse car souvent très
ancienne.
A partir du 15ème siècle, au
moment où la féodalité s'efface comme système politique au profit de l'Etat
avec le roi à sa tête, c'est tout naturellement que l'anoblissement devient un
acte formel du souverain, avec des conditions d'accès et des privilèges qui en
résultent (dont l'exemption de la taille).
On peut-être alors, anobli par
lettres patentes édictées à titre de récompense pour un acte de bravoure par
exemple ou par lettre de noblesse.
Une autre forme d'anoblissement
résultait de l'exercice d'une charge dans l'administration royale. Ainsi,
certaines occupations administratives notamment dans la justice et les finances
conféraient la noblesse. C'est ce que l'on appelait la noblesse de robe par
opposition avec la noblesse d'épée, acquise elle par les armes.
Il existait aussi des fonctions
anoblissantes, notamment l'exercice de fonctions municipales de maire
(Poitiers, Bourges, Angers etc.).
L'anoblissement a pu s'opérer par
possession de fief noble (c'est l'anoblissement "aux francs-fiefs")
dans une période très délimitée en Normandie (1470-1560) et ceci afin de
reconstituer la noblesse d'une province juste reconquise.
De la même manière que pour la
noblesse d'extraction, l'on devenait noble en vivant noblement, la noblesse et
les privilèges qu'elle conférait pouvaient se perdre en rompant justement avec
ce mode de vie, en exerçant par exemple une activité mercantile ou manuelle
jugée non conforme avec le statut de la noblesse. C'est ce que l'on appelait la
dérogeance.
Cérémonie par laquelle Galaad est fait chevalier (adoubement) dans la "quête du Graal" (manuscrit du 14ème siècle - BnF)
La particule élémentaire
En remontant dans le temps, la
première particule apparaît à l'occasion du mariage célébré le 9 mars 1727 à Vallon Pont d'Arc entre le roturier Blaise Jullien et Marie de Saint Etienne, couple dont la fille Marie-Anne
Jullien sera mariée très jeune à Pierre Pouzache, fils d'un notable de Vinezac
en 1744.
Le sieur Blaise Jullien est lieutenant dans le
régiment de Péguiny ou Pequiny. Il est le fils de "demoiselle Jeanne
Durand et de feu sire Pierre Jullien du lieu de Saint Alban sous Sampzon d'une
part".
On sent que le curé essaie de donner un peu de
relief à l'ascendance du sieur Jullien car sa future, Marie de Saint Etienne,
est la fille de noble Guillaume de Saint Etienne (1677-1734) et de feu dame
Françoise de Gigord (1676-1712).
Le seul "portrait de famille" (1755) : Joseph de Saint-Etienne de Borne, comte de Saint Sernin, demi-frère de Marie de Saint Etienne
Entre les lignes, l'acte de mariage semble exprimer que cette union ne va pas de soi. D'abord, seuls les futurs époux et les témoins assistent au mariage, leurs familles s'abstiennent.
Ensuite, tandis que le consentement écrit de
la mère de l'époux est formulé dès le "7 décembre dernier" soit plus
de trois mois avant le mariage, celui du père de l'épouse a été signé seulement
deux jours avant. Guillaume de Saint-Etienne aurait-il eu des états d'âme avant
d'accepter cette mésalliance?
Enfin, il ne parraina pas son premier
petit-fils alors qu'il était vivant au moment de sa naissance. Seule la famille
de Gigord fut présente. Aucun enfant mâle du couple Jullien-Saint Etienne ne
sera d'ailleurs prénommé Guillaume.
Il faut dire que la première épouse de
Guillaume de Saint Etienne mourut quand sa fille Marie avait 12 ans et que son
père se remaria quatre ans plus tard avec une certaine Marguerite de Burine.
Peut-être que la marâtre n'eut de cesse que soit casée cette fille du premier
lit et ce à n'importe quelle condition.
Pourtant, le métier des armes devait rapprocher
le futur beau-père et le futur gendre et c'est ce point commun qui fonde
l'explication la plus plausible de ce mariage. En effet, si Blaise Jullien était
lieutenant dans un régiment prestigieux[1],
son beau-père était lui-même capitaine au régiment de Barville.
Il doit être souligné qu'un roturier ne
pouvait que très exceptionnellement espérer finir une carrière dans l'armée
dans un grade d'officier. La noblesse demeurait le second ordre dédié à la
guerre et c'est elle qui naturellement occupait les grades supérieurs. Dans ce
contexte, un grade de lieutenant pour le sieur Blaise Julien était une très
belle réussite.
[1] Le régiment des chevaux
légers de la Garde du Roi était financé par Michel Ferdinand d'Albert
d'Ailly, Duc de Pequiny. Il s'agissait
apparemment d'un régiment de cavalerie prestigieux composé essentiellement de
nobles.
Uniforme des chevaux légers (gravure BnF)
Donjon des Borne
L'origine des Saint Etienne et des Gigord
S'agissant de la famille de Saint-Etienne, le tour de la question sera rapide. Il n'y a que peu
d'éléments sur l'ascendance de Saint Etienne et l'on ne va pas au delà de Guillaume
de Saint Etienne, grand-père de Marie, qui avait épousé Hélène de Borne et qui
était, lui aussi, capitaine de cavalerie. Un métier qui devient presque un
atavisme.
Il semblerait d'ailleurs que la famille de
Saint Etienne n'ait pas eu une ascendance très prestigieuse.
Hélène de Borne était en revanche une des dernières représentantes d'une famille
très ancienne de la noblesse chevaleresque remontant au XIème siècle et
originaire du village de Borne établi au
bord de la rivière du même nom.
Elle était la dernière représentante d'une des
branches de cette famille, les Borne de Ligonniers (ou de Ligonnès en occitan),
les autres branches identifiées étant les Borne d'Altier (vers 1320) et les
Borne de Laugères (vers 1400).
Les Borne de Ligonès apparaissent à l'occasion
du mariage de Jean 1er de Borne et Agnès de Ligonès vers 1367, Ligonès étant un
hameau de Sablières, à côté de Saint Melany. Jean 1er de Borne est le
descendant de Guillaume de Borne, seigneur de Borne et de Sarrecourte dans le
diocèse de Viviers vers 1177 (Sarrecourt. Ce dernier descendrait de Guigon ou Aiglon de Borne, deux frères ayant vécu vers 1030.
En 1593 a lieu le mariage des grand parents
paternels d'Hélène de Borne, David de Borne, seigneur de Ligonnès et de
Beaumefort (à Saint Alban d'Auriolles) et Hélène de Grimoard de Beauvoir du
Roure. Ce fut l'occasion d'une alliance avec la famille prestigieuse des Grimoard
de Beauvoir du Roure qui avaient compté dans leur famille rien moins que le
Pape Urbain V, né
Guillaume de Grimoard vers 1310 au chateau de Grizac en Lozère et devenu Pape à
Avignon en 1361.
Urbain V, un très lointain collatéral prestigieux |
Concernant maintenant la famille de Gigord,
celle-ci proviendrait à l'origine du Dauphiné. Un cadet de la famille, Raymond
de Gigord, aurait quitté le Dauphiné pour être chevalier au service de Randon
de Joyeuse et aurait épousé la fille du seigneur de Vignal à Chambonas. Il fait
son testament en 1426.
C'est ainsi par exemple qu'en 1657, Raymond de
Gigord, seigneur de la Rochette et Charaix, docteur es droit et lieutenant
principal au sénéchal ducal de Joyeuse fut contraint de démontrer la noblesse
de sa famille dans le cadre d'une procédure engagée contre lui pour refus de
paiement de la taxe de franc-fiefs[1]
et livra à cet effet une généalogie. Cette généalogie permit peut-être
d'alimenter celle décrite dans l'armorial de la noblesse du Languedoc pour la même famille.
Ainsi, au delà des famille Borne et Gigord,
les ramifications de ces familles ainsi que leurs ascendances sont très souvent
documentées, à partir notamment des archives seigneuriales.
[1] exigible uniquement auprès
de roturiers même détenteurs de terres de franc-fiefs, d'où l'intérêt de
prouver sa noblesse.
"Tout va très bien madame la Marquise" (de Paul Misraki 1935) très grand succès de Ray Ventura son orchestre
Courtisans du 16ème siècle |
Grandeur et décadence des Sampzon
Au delà
de la démonstration de noblesse, on obtient des informations précises,
notamment comme dans le cas de la
famille d'Adillon de Sampzon, grâce aux efforts de mémorialiste d'un de ses
membres.
Ainsi, Antoine de Sampzon (1568-1640),
seigneur de la Bastide, co-seigneur de Saint-Alban et la Beaume qui est un
ancêtre de Jacques à la 15ème génération a écrit ses mémoires
en 1621 qui ne sont pas les récits d'une vie au sens moderne mais plutôt un
mélange improbable de considérations généalogiques,
personnelles et patrimoniales.
Il illustra ses propos généalogiques par des
références à des testaments ou des contrats de mariage, tel le mariage entre
Guillaume de Sampzon et Jeanne de Montbel le 4 janvier 1197 qu'il avait trouvé
"d'un grand parchemin par la
vieillesse et fraction duquel n'ai pu lire les autres particularités dudit
mariage" et qu'il précisa classer "dans
un grand sac écrit au dessus de la toile, sac des hommages".Je passe sur son énumération de la descendance de Guillaume de Sampzon et de Jeanne de Montbel, propriétaires de la seigneurie de la Bastide et dont la dernière héritière, une certaine Aygueline née au 14ème siècle, transmit son nom et son héritage à sa descendance qu'elle eut avec Jalcolm d'Adillon.
Dans les anecdotes familiales, on y apprend pêle-mêle que le grand-père d'Antoine de Sampzon, un guerrier grand et corpulent, était au service du Duc de Lorraine et plus souvent en guerre et à la chasse qu'à la maison et que les deux frères de celui-ci moururent prématurément, l'un des suites d'une chasse et l'autre de la guerre.
Son père était selon sa description, un grand
type "maigre de couleur basanée, fort
doux, charitable et équitable" qui "raccommoda ses affaires, que pour ses plaisirs en son jeune âge avaient
pris un mauvais train", autrement dit finit par se mettre à gérer son
domaine, avant de mourir, trop tôt, comme le déplore son fils en 1581.
Notre mémorialiste tresse aussi des couronnes
de louanges à sa mère (ah maman !) qui sut malgré l'adversité d'un veuvage trop
précoce conserver "notre maison qu'elle
améliora et tout le reste de notre héritage, par sa bonne et louable ménagerie
éleva à la vertu nous autres ses enfants, louangée et prisée de tous ceux qui
la connaissaient ....".
De son mariage avec Madeleine de Borne, il eut
deux filles Louise et Hélène dont il exigea que la descendance porte le nom de
Sampzon, faute d'héritier mâle.
A la génération des petits enfants, la situation
familiale se gâta. Les héritiers de la famille qui furent Antoine
et Alexandrine les deux enfants de Louise de Sampzon et de François de Rochier
causèrent bien du souci à leur grand-père paternel et à leur mère. Elle se
retrouvait seule, étant devenue veuve prématurément, son guerrier de mari ayant
décédé en 1622 des suites d'une maladie contractée lors du siège de
Montpellier.
Leur fils Antoine fut un type peu
fréquentable qui menait grand train, empruntant
pour cela de l'argent en profitant du crédit de son grand-père et
extorquant à sa mère de l'argent par la menace. Il assassina un parent de sa
femme d'un coup de fusil, alors que le pauvre homme était benoitement en train
de pêcher puis se sauva. Bref, le sale type.
Quand à sa sœur, Alexandrine, elle semble
avoir été instrumentalisée par son mari, Pierre de Borne[1], qui tenta à plusieurs reprises de capter
l'héritage, au point que dégoutée de ses enfants cette pauvre Louise de Sampzon
décida de se retirer au couvent ou elle mourut en 1646.
[1] Ce sont les ascendants
directs de Valentine Pouzache, ils étaient parents du 3 au 4ème degré de
consanguinité ce qui fait qu'elle descend deux fois du même couple marié en
1551 : Pierre de Borne et Louise Audibert de la Farelle.
Château de la Bastide à Sampzon
D'autres particules plus éloignées
Le
25 janvier 1693, Benoit Clément-Dupont épouse Marie Blanche de Champel de
Sauverzat à Saint Martial. L'époux est dit être de la paroisse de Montpezat sur
Bauzon - mariés en présence « de Jean de
Beysans et Charles de la Planche, baillis de Montpezat, messieurs Joseph Dupont
et François Chambon dudit Montpezat et nobles Joachim de Sauverzat, père et fils
et Joseph de Sauverzat sieur de la Saigne».
C'est
de cette union qu'est issue Marianne Françoise Clément Dupont qui épousa en
1708 Louis Pouzache à Saint Martial.
Dans
ce cas de figure, il s'agit vraisemblablement d'alliances patrimoniales entre
des familles bourgeoises et de la petite noblesse.
Les
Sauversac (ou Sauverzat) étaient des notaires installés à Saint Martial,
notamment dans la maison forte du lieu dit de Chambon. La particule semble
avoir été ajoutée par la suite pour faire chic, notamment à l'occasion de
l'alliance avec la famille d'Allard qui suit.
Bernard Sauverzat épousa en 1612 Marie
d'Allard fille de Valentin d'Allard et d'Anne Meysonnier, la famille d'Allard
étant une famille de petite noblesse originaire du Vivarais (Mezilhac) qui
aurait essaimé en Dauphiné (famille Allard de Montvendre). Valentin d'Allard
s'était converti au protestantisme.
Un des fils de ce couple, Joachim de Sauverzac
(ancêtre de Jacques à la 12ème génération) épousa lui aussi une femme de la
noblesse en la personne de Françoise d'Alles. En 1664, il aurait présenté un
mémoire pour obtenir de porter le nom d'Allard et être maintenu comme noble. Cette alliance entre la bourgeoisie et la noblesse
se retrouve également dans l'alliance entre Marie de Sauversac, la soeur de
Joachim, et Henri Blanc de Molines en 1639.
Ce que j'ai trouvé sur la famille d'Allard est
assez flou et résulterait d'une enquête menée en 1593 à la demande des d'Allard
du Dauphiné pour éviter (encore!) de payer la taille. La date d'anoblissement
de cette famille n'est pas connue mais il serait intervenu avant 1450. Cette
famille a donné lieu à quatre rameaux en Vivarais : les Allard de Mezilhac, de
Chanéac, de la Pervenche et du Pouzin.
Les Allard de Mezilhac du Chambon et de
Sauverzac sont ceux qui nous concernent. Claude, fils de noble Antoine
d'Allard, épousa Marguerite Izaille en 1532. Il est convoqué au ban et servi à
Aigues-Mortes vers 1540 ce qui est un signe de noblesse[1].
Claude d'Allard était le père de Valentin d'Allard.
Quant à Françoise d'Allès, elle était la fille
de Jehan d'Allès, seigneur de Sauzet lui même d'une famille noble du Velay
(vers le Puy) identifiée dès le 13me siècle et de Marie Brossier de Chambonnet également d'une famille noble du Velay, vers Yssingeaux.
Pour l'anecdote, Françoise d'Allès tenta en
vain de s'opposer à une mésalliance entre son fils Joseph de Sauverzac, sieur
de la Saigne avec Louise Blache, de Chabeuil en Dauphiné qui était servante de
Marie Truchet veuve de René Durand sieur de Fourchades. Le mariage eut lieu le
26 novembre 1706 au Cheylard. Louise Blache eut le bon goût de mourir assez
rapidement.
[1] La convocation au ban ou
bien à l'arrière-ban (qui est à l'origine de l'expression actuelle) était l'appel
du suzerain à ses vassaux afin qu'ils se joignent à lui pour faire la guerre.
Le ban signifie la convocation des vassaux directs et l'arrière ban, des
vassaux des vassaux. Jusque tardivement sous l'ancien régime, le déclenchement
de la guerre par le roi (en qualité de suzerain de tous les nobles du royaume)
était précédé de cette convocation
Miniature représentant la bataille d'Azincourt
La famille Dangelin de Surville :
C'est Emilie Suchet, mère de Clothilde
Tourvieille et grand mère de Valentine Pouzache qui descend de cette famille.
Cette filiation vient du mariage entre
Dorothée Dangelin de Surville (1611- avant 1667) avec André Delauzun à Gras le
20 octobre 1636. Tous deux sont ascendants de Jacques à la 14ème génération.
Le nom Dangelin fait assez chic, au point que
l'on se demande s'il ne s'écrit pas avec un "d" apostrophe.
Si pour des snobs, l'apostrophe était
indispensable, elle n'était pas de rigueur puisque Dangelin est le nom d'un
notaire roturier de Saint Alban en Gévaudan, dans le diocèse de Mende (Lozère)
qui épousa Louise de Surville en 1559. Les enfants de ce couple, Gabriel et
Robert, accolèrent le patronyme de Surville.
Ils grandirent à Vesseaux chez leur oncle
François de Surville dit "le vieux" (vers 1520-vers 1599) qui était
seigneur de Fourton (sur le plateau de Coiron), probablement élevés comme des
jeunes nobles au métier des armes.
Chevaliers en campagne (miniature - bibliothèque universitaire de Strasbourg)
Robert mourra assez jeune tandis que Gabriel quitta
le château de son oncle pour s'installer à Lavilledieu. Il était capitaine dans
le parti catholique contre les huguenots et mourut en 1621 d'un coup d'arquebuse
en poursuivant une garnison huguenote de La Gorce qui avait tenté d'attaqué
Rochecolombe.
Il laissait une veuve, Catherine de Rouvière
et six enfants, Jacqueline (née en
1605), Suzanne (1608), Hélie (1611-1651), Françoise (1615), Dorothée (1616) et Jeanne.
La famille de Surville serait originaire de
Normandie. Le premier, Simon de Surville est signalé en 1304 dans un acte
concernant une terre à Saint Privat près de Vesseaux. Cette famille possédait
deux châteaux disparus aujourd'hui, une maison forte dans le bourg de Vesseaux
et le chateau de Forton à Freyssenet sur le Coiron.
La mère de Gabriel, Louise de Surville, était
la fille de Jean dit Bérengon de Surville seigneur de Forton et co-seigneur de
Lachamp et de Françoise de Comte. Celui-ci est l'auteur de la branche de Forton
demeurée à Vesseaux, l'autre branche étant celle de Gras.
L'arrière grand-père de Jean de Surville,
Béranger (1398- après 1459) fut chevalier de Charles VII et participa au siège
d'Orléans. Il avait été relaté qu'il y était mort mais des actes postérieurs à
1429 démontrent qu'il ne trépassa point dans ce siège.
On a supposé que son épouse Clothilde de
Chalis (vers 1405-vers 1498) avait rédigé des poèmes qui furent transmis
jusqu'à Joseph Etienne marquis de Surville et publiés après sa mort par sa
femme. Ensuite, l'origine de ces poèmes fut contestée et ceux-ci considérés
comme une supercherie littéraire. On conçut qu'en réalité ils avaient écrits
par le marquis de Surville, les poèmes étant empreints d'éléments modernes,
étrangers au 15ème siècle.
Il semblerait que la vérité soit entre les
deux, ces poèmes auraient été effectivement rédigés au Moyen-âge mais
retravaillés probablement par ce lointain descendant.
Une autre légende prétend que Guillaume de
Surville, grand-père de Béranger aurait fait partie des sept chevaliers
français ayant affronté les sept chevaliers anglais à Montendre en 1402, en
pleine guerre de Cent ans. Cette même source pourtant bien documentée énonce
d'ailleurs les pedigrees des sept chevaliers français mais aucun ne répond au
nom de Surville.
Tournoi en 1389, en l'honneur de la reine Isabeau de Bavière (miniature du 14ème siècle - BnF)
|
Des particules entre
nobles et roturiers
Avant de fermer ce chapitre, je souhaite
évoquer d'autres ascendants de Valentine Pouzache qui ont un nom moins
prestigieux et dont la noblesse est peut-être matinée de bourgeoisie.
Il s'agit d'abord de la famille Ganhat de la Couronne
portée par le viguier (juge royal) de Villeneuve de Berg vers 1650. Jacques
Ganhat de la Couronne avait épousé Jeanne de Ladet. Or point de traces dans les
armoriaux de la noblesse du Vivarais ou du Velay. Il est qualifié de noble dans
des actes mais cela n'est pas un indice décisif. Si noblesse il y a eut,
peut-être la devait-il à sa charge de viguier et donc aurait-il été de ces
représentants de la noblesse de robe.
Ma préférée demeure la famille au nom poétique
de Chalabraysse de Gallimard. Citée dans le nobiliaire du Velay et de l'ancien diocèse du Puy elle fut représentée à l'assemblée
de la noblesse du Gévaudan en 1789.
Installée à Genestelle depuis le 15ème siècle,
cette famille aurait été établie au mas de Chalabruyesse d'où son nom. Elle
paraît s'être appelée "Del Masoier alias Chalabrueysse" (acte notarié
de 1427) avant d'adopter son surnom. Plus tardivement, il en sera de même pour le
nom de Galimard qui vient du surnom de Benoit Chalabruyesse dit le capitaine
Galimard [1]
(1549-avant 1624).
Ainsi l'arrière grand-mère d'Emilie Suchet se
maria en 1758 sous le nom de Claire Galimard alors que son père s'était marié
sous le nom d'Antoine Chalabrueisse dit Galimard.
[1] Il fut l'auteur des trois branches Genestelle,
Burzet et Saint Pierreville. Jacques descend de la branche de Genestelle.
J'aime bien l'idée d'avoir des ancêtres dans le village de borne du coté grand mère de ma grand mère :-)
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