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Jacques Jouve dernier rang à droite, chez les frères Maristes d'Aubenas en 1953 (14 ans) |
Quand
on m’a mis en pension aux Maristes à Aubenas, se rappelle papa, je ne savais rien,
je n’avais été bon qu’en religion. D’ailleurs, je n’était
pas le seul : de la classe de la Sainte Hubert, le fils Manin
est le seul à avoir fait des études brillantes puisqu’il est
devenu ingénieur, la fille Durand est seulement devenue infirmière.
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Profession de foi de Jacques Jouve |
Je
m’y ennuyais énormément. Je devais être 34e
sur 38. Je suis passé en 5e
où je ne suivais pas. On m’a fait donc passé en CEP, en
commercial. Là, j’avais enfin un professeur avec qui le courant
passait : d’abord c’était pas un frère, il avait été
marié, un dragueur, qui nous racontait toutes ses histoires, c’était
super ! Je commençais un peu à apprendre. Un expert-comptable
de métier. Ceci dit, ça n’a pas duré longtemps parce qu’avec
des copains, on s’est fait coincer en train de faire le mur pour
aller au cinéma et on s’est tous fait virer. Pour moi, c’était
pas grave mais il y avait des gars qui étaient en terminale et qui
n’ont pas pu passer le Bac. Il y avait le Leynaud d’Alès qui
était en Première. Il s’en est tiré en épousant une jolie fille
dont le père travaillait chez Péchiney et qui l’y a fait rentrer.
Il y a gagné de l’argent mais il voulait être son propre patron
et a ouvert un magasin de chaussures puis un magasin de gros.
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Pensionnat de l'Immaculée Conception d'Aubenas |
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Jacques Jouve tour de Province août 1953 1er plan dans l'ombre |
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Jacques Jouve tour de Province août 1953 |
Lorsque j’ai été renvoyé des Maristes, j’avais 15 ans. Je suis resté à peu prés six mois à Joannas avant d’aller chez Pigier à Valence. Là je commençais à m’intéresser à mon avenir. C’est à cette époque que je me suis inscrit aux cours par correspondance de Marcel Rouet et que je me suis abonné à « Apollon-Vénus » et à « Science Culturiste ». Je m’étais pris de passion pour le culturisme alors que j’était encore à l’Immaculée. Je me souviens encore de la couverture couleur du « Santé et Forme » acheté à Privas.
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Apollon Vénus nov. 1950 |
J’ai appris qu’une salle s’ouvrait « 10 place des Ormeaux » à Valence. La première chose que j’ai faite en arrivant à Valence a été de m’y rendre. C’était une épicerie, je me suis dit dans un premier temps « ils se sont plantés », je rentre tout de même, il y avait la queue et là j’ai entendu le bruit des barres lâchées sur le sol au premier. J’étais chez la mère de Velly, son mari vendait des olives sur les marchés. Velly s’entraînait à l’étage avec une dizaine de personnes, des mordus. Au bout de six mois, Velly a monté une petite salle rue du Lieutenant Bonaparte.
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Jacques Jouve fait le kéké avec ses potes à la piscine de valence en 1956 (17 ans) |
J’ai
fait Pigier en cours du soir pour apprendre la compta, ça a marché
mais sans plus : j’ai collé au CAP mais à l’époque on
trouvait facilement du boulot : j’ai été embauché au
Comptoir
Valentinois de l’automobile
pour faire des factures… J’étais un peu comme Manu, je ne tenais
pas en place, au milieu du boulot, il fallait que j’aille respirer
dehors. La patronne m’a dit peut-être au bout de 6 mois, « mon
petit, ça va pas, je ne peux pas vous garder » je ne faisais
pas assez du rendement. J’ai lu une annonce de Fruitcoop,
j’ai de suite été pris. C’est là que j’ai connu maman qui
était venue emballer des fruits, que j’ai devancé l’appel et
que je suis parti à l’armée.
J’ai
ensuite continué à suivre des cours par correspondance pour la
culture physique et j’ai aussi été à Paris pour suivre des
stages. C’est sûr que c’était moins difficile que pour Bénédicte,
on pouvait alors apprendre par correspondance. Pour la première
fois, faire des études m’intéressait.
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Jacques Jouve s'est mis au culturisme et pose |
Il
y avait que des diplômes privés, j’ai choisi celui délivré par
la Fédération nationale des professions de culture physique, une
fédération de syndicats régionaux. J’ai alors participé à des
actions auprès des pouvoirs publics pour faire reconnaître par l’État notre profession : je suis notamment intervenu auprès
du maire de Romans qui était aussi député, au sujet d’un texte
en préparation concernant notre profession, j’ai ensuite été au
ministère de la jeunesse et des sports quand a été voté la loi du
8/8/63, la première loi qui réglementait les professions sportives.
Comme souvent, il y avait très peu de monde à l’Assemblée pour
l’adopter. Quand on pense que la loi rendant obligatoire le BCG,
ils étaient seulement cinq députés !
Ça
ne nous a pas convenu au départ car on voulait dépendre de la
Santé, on trouvait que c’était un métier de santé plus que de
sport. Ceux qui exerçaient depuis deux ans ont été reconnus par
équivalence, ils n’ont pas eu à passer le diplôme. Cela avait
été la même chose en 1946 pour les kinésithérapeutes. Car dans
notre profession, il y avait beaucoup de professeurs de culture
physique qui étaient déjà masseur-kinésithérapeutes.
Quand
je suis revenu de l’armée, j’ai monté la salle à Romans.
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Jacques Jouve 17 ans (1956) |
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Jacques Jouve 18 ans devant la maison du Travers (1957) |
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