Jacques Jouve |
Lettre de Gustave Jouve prisonnier à sa femme (1942) |
Maman raconte que son fils Jacques venait de naître lorsque papi fut fait prisonnier par les allemands. Il passa la guerre en captivité dans une ferme, près de Frankfurt sur Oder. Il retrouva son foyer en 1946 : son fils avait six ans.
Chaque
jour à l’école de la sœur Sainte Hubert, on priait pour les
prisonniers de guerre. Chaque jour, le petit Jacky priait pour que
revienne ce père qu’il ne connaissait pas.
La
guerre finie, Joannas était en fête chaque fois qu’un de ses
hommes rentrait de captivité. Un jour, le retour du Gustave fut
annoncé.
Papa se souvient comme si c’était hier, de ce jour où il put enfin voir son père : J’étais à « la Champ » (là où j’avais installé des ruches), quand on est venu m’apprendre que mon père arrivait. Je suis remonté en vitesse en vélo. Lajus nous a aussitôt descendu ma mère et moi en voiture – il y avait peu de voitures à l’époque. J’ai en tête une image : un grand car vide et un homme debout à l’intérieur, habillé en soldat : c’était mon père. Pourquoi debout ?… Il était maigre.
Marie et le petit Jacques Jouve, Marthe et sa fille Pierrette Jouve |
Papa se souvient comme si c’était hier, de ce jour où il put enfin voir son père : J’étais à « la Champ » (là où j’avais installé des ruches), quand on est venu m’apprendre que mon père arrivait. Je suis remonté en vitesse en vélo. Lajus nous a aussitôt descendu ma mère et moi en voiture – il y avait peu de voitures à l’époque. J’ai en tête une image : un grand car vide et un homme debout à l’intérieur, habillé en soldat : c’était mon père. Pourquoi debout ?… Il était maigre.
Papa
allait devoir céder à son père la place qu’il s’était faite
dans le lit de sa mère.
Neuf
mois plus tard, le petit Jacques fut envoyé pour sa plus grande joie
une semaine à Montréal chez sa tante Juliette. Il appris par la
suite qu’il aurait dû avoir une petite sœur, Bernadette, si
celle-ci n’était pas morte trois jours après sa naissance. Elle
avait été empoisonnée par son propre sang, de ce qu’on appelait
alors « la maladie bleue » et dont on réchappe
aujourd’hui grâce à des transfusions.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire